jueves, 29 de marzo de 2012

agneau pascal dans la rue des brebis (private joke)



Les voila qu'arrivent ! Ou qui partent ! Enfin , qui passent ... les cloches ... de Pâques . Pas les cloches dont au sujet desquelles que j' vous causais dans un aut' blog , les cloches de la rue , les clodos , les vrais , les faux , les qu' ont choisi , les célestes , dharma bums de Jack Kerouac -- tiens , un breton ? -- et puis tous ceux , tous ceux qui ont été poussés dehors ... ceux qui ont tiré la carte : allez du premier au quart monde , sans passer par la case départ . Un jour nous nous ferons une petite causerie sur ce que les braves gens ( ceux qui n'aiment pas que l' on suive une autre route qu'eux , disait Monsieur Georges le croque-notes ) , les croquantes et les croquants , désignent ainsi : " les clodos " . Mais là , maintenant , je vous cause des cloches ding-dong , qu'on trouve dans chaque clocher de chaque petit village de la "douce France , cher pays de mon enfance " . Tralalère tralalère , j' vous ai dit mille fois , répété plus soif , ressassé , rabattu les oreilles : serviteur toujours une chansonnette , une ritournelle aux lèvres ... pour tromper le malheur , que l' Ankou fasse la grimace et remette à plus tard notre inévitable rendez-vous , pour faire la nique aux crabes de toute espèce . Les chansons et mon vieux compagnon le Docteur Alois Alzheimer , toujours là pour mettre un peu de légèreté dans la lourdeur pithécanthropique de l'humanité ... Oh ! Oui , j ' vous l'accorde , la lourdeur humaine c'est pas d'aujourd'hui , les contemporains font rien qu' â perpétuer la tradition de l' espèce ... p' têt ' pour ça que les traditions je les regarde avec un mélange d' étonnement , de curiosité et d' incompréhension vaguement méfiante . Là ! Vous voyez , moi aussi pithécanthrope , le premier , sauvage malabar à part , barbare anar ringard !





Bon j'vous disais , les cloches ... Voilà bien l'époque oùsqu'elles partent pour Rome , non ? L' époque , épique : les Pâques ! En Hexagonie , c'est pas ça qu'on dit ? que les cloches partent à Rome ?... Qu'elles vont chercher les oeufs qu'elles répandront dans les jardins ... Cloche-vole-pond ou le surréalisme pascal ...Tiens , ça m' vient comme ça , quand je s'rai cloche à part entière , j' s'rai chef d'escadrille ! Mais sans escadrille , et sans galons , j' aime pas la compagnie ( sauf celle du docteur Alois ) et j'aime pas les grades ... Revenons aux cloches , aux Pâques ( pas confondre avec les Parques , les trois sisters fatidiques , Atropos la pire ... ) . Les hexagons , pas si cons dans l' fond , ont toujours eu l' chic pour passer du religieux au laic , exemple : de Benoit XIII pape anti-pape en Avignon à Philippe le Hardi régent à Paris ou , en la circonstance : de la Foi à la crise de foie . Eh oui ! Le haut et le bas clergés faisant taire les cloches ding-dong la veille du jour anniversaire de la crucifixion de Yeshua Ben Youssef Von Nazareth ( recensé à Beth'Lehem ) , en signe de deuil , et l' hexagon fuyant le pathos , que les cloches sonnent plus le populo a eu vite fait d' y trouver un prétexte pour rigoler ....et pour bouffer .... et en passant , pour faire braire les ministres apostoliques et romains . Les corbeaux disait ma mère curetons , aumoniers , soutaniques ... Bon , et quoi qu'y z' ont fait , les francs francs ... les français ? Pour que la mort du p'tit Jésus soye pas que douleur et repentance ? Des poules des oeufs des cloches des lapins ... en quoi ? en chocolat ! ... Faut vous dire que l' cacao : fève métis , préhispanique ! et en plus aphrodisiaque ! Pas vraiment en odeur de sainteté ! ... populo provoc ' ... vous même j' suis sûr , à vous goinfrer cacao 75 % pendant qu'y en a qui s' marrent pas , Via Crucis , 14 stations ... Ah !... parceque le bucolique tableau des gaulois exhortant leur progéniture à fouiller les jardins à la recherche de friandises , ici , en Hispanie , on connait pas ! Et les hexagons non plus y savent pas le quoi le qu'est-ce des hispaniens ... manque de curiosité des peuples ... fierté d' être né quelquepart ... y peuvent toujours sauter comme des cabris en disant " L'Europe ! L'Europe ! " ... depuis Bruxelles ou Strasbourg ... en ce moment depuis Berlin , Berne , Paris , Lausanne , Liechtenstein , Luxembourg ... c' est pas tant que l'homme est un loup pour l' homme , non , voyez-vous ... c'est plutôt que l' homme est un mouton , une brebis , qui veut pas sortir de son troupeau ... de temps en temps une brebis galeuse , heureusement ! Brebis galeuse , vilain petit canard , bouc émissaire , cheval de Troie , mouche du coche , puce à l' oreille ... y'en a , mais pas souvent , pas beaucoup , pas assez ... l' humain est grégaire ... tendance pleutre ... grégaire et sournois , z' avez qu'à voir les foules anonymes , au travers des temps , c' qu' elles ont bien montré leur cruauté et leur lacheté ... tous les jours ... et c'est pas demain qu' ça va s'arrêter ! ...



Ne revenons donc pas à nos moutons de Panurge , revenons à l'époque , Pâques , épique et plus qu' ça ... pour de vrai ... foin des neuneufs , des gavages cacaophiles . En Hispanie , on dit " Semana Santa " , " Semana de Pasiòn " . Z'allez sûrement pas croire ce que je vais vous raconter ... ou alors pas comprendre ... Ça fait un bail qu'on a séparé l' Église et l' État en France et Navarre ... pas vraiment pareil en Aragon et Castille ... Sûr que vous avez jamais entendu causer de la " Conférence épiscopale "! Un truc à y pas croire , un lobby catho formé d'évêques archevèques et compagnie , qui organise des manifs , reçoit des subventions , distribue des prébendes , intervient dans la vie politique , donne des consignes de vote , posséde des radios , journaux , télés ... Opus dei ... que les jésuites pour eux c'est des dangereux gauchistes ! Comme si La Croix , le Pélerin , K-TO télé , étaient des éléments incontournables de l' opinion publique hexagonale ... comme si les monseigneurs Lefebvre et similaires étaient des liders d' opinion ... les diocéses influençant les politiques ... pas un état religieux , non , d' accord ... plutôt un genre d' état dans l' État ... Bref , le poids de la vaticanerie fait de la Semana Santa un standard à pas rater ! ...un spectacle en 3D ... voyage exotique ... Foire du Trône et Sainte Inquisition , mi-lupanar franquiste mi-dévotion sado-maso ,Vierges Maries et filles légères , verges légères et filles á marier , en mantilles ... tout ça à la fois ... dans une ambiance d' hystérie toute méditerranéenne . L' hystérie mystique , un genre qu'on voit peu en Hexagonie ! Cris larmes teints cireux rictus spasmes sanglots convulsions ... Ah ! Pas de gamineries gourmandes , pas de mômes en quête de neuneufs en chocolat dans les taillis et fourrés ... ça non ! J' vous ai dit : ici y' en a qui rigolent pas ! Pasiòn , dolor , penitencia , vous pigez ? Z' entravez ? Pas l' gnan-gnan neuneuf . Processions ! Confrèries ! Sabres goupillons ! Et en guise de fourrés , fourrées au féminin pluriel , seulement ... Si , si ! Respect , traditions ... et chasse aux pucelages ! Tous vous avez vu des images de ces encagoulés Ku-Klux-Klan , en blanc , rouge , noir , bleu nuit , marron , pourpre , mauve ... qui défilent jour et nuit avec cierges et flambeaux ... chaque confrérie son uniforme , ses couleurs , sa statue polychrome , plus de cinq cents kilos , bois or et argent , qu' on trimballe à dos d' hommes par les rues ... Au son des tambours crêpés ... Rrran rrran tan-plan ... pas cadencé ... lourd , le pas , bien sinistre ... cierges géants dans les mains gantées des encagoulés ... tangant d' un coté l' autre ... la nuit , dans les ruelles pavées ... Rrran rrran tan-plan ... à chaque station , la cornette , aigre-sèche , Turrututu ... liturgie psalmodiée en messes basses ... chuchotis ... et ça repart : Rrran rrran tan-plan ... cierges et statue qui branle là-haut ... La fanfare du bled devance le cortège , marche funèbre Chopin ou espagnoladerie , hymne de la Légion , interprèté tout ça avec stridences , genre " Le Parrain ", tremolos ... Juste derrière , 20 mètres devant les pénitents qui croulent sous l' effigie d' un christ ou d'une vierge Marie , des mômes bien en rangs : les p'tits garçons en soldats de la Légion du Généralissime , calot à pompon , harnais de cuir et fusils de bois ; les p'tites filles en veuves fantômes à mantille et peignette ... gueules enfarinées , les filles , les mères , les grand-mères , on sort tous les bijoux , or , rubis , vermeil , merveille ... De la flicaille plein les rues , les trottoirs , les porches , les bars ... en civil , en uniforme , la " local " , la " nacional " , la " Autonomica " , la Guardia Civil , la " Secreta " ... Les keufs y sont là pour les crises d' hystérie , individuelles ou collectives , pour les bagarres entre confrèries , coups de poings , de coudes , à qui qui passera devant , à qui qui rentrera son christ dans l' église , la cathédrale , le premier ... Pour la coke aussi , le speed , les pickpockets , tous les " corps de sureté de l'État " déployés ... S' épiant les uns les autres ... plus tard tu retrouves les mêmes keufs dans et autour des bars et discothèques qui désemplissent pas . Pasque après la contrition , le pénitent il a qu' une idée : le septième ciel . Tenez , pas loin d'ici , ya une église qui jouxte avec un " puticlub " ... " El Paraiso " y s' appelle , le local ! Pas de bourres ce que j' vous raconte , la vérité vraie ! 100 mètres de l' un à l' autre ... après confesse , ... j' vous laisse finir ! Et les affiches des discothèques trompent pas : après l' effort le réconfort ... fornication en récompense de dévotion ... soirées strip-tease ... bain de mousses et concours tee-shirt mouillé sponsorisés par Durex ... je tiens de source bien informée qu' il est commun de profiter de Semana Santa pour perdre son pucelage . Pasiòn . Ah! Mais faut dire que les gugusses qui portent les statues , z' en chient grave ! en plus de la statue y'a tout c'qui va autour , colonnes , fleurs , draperies brodées or et argent ... en tout ça fait dans les deux tonnes , me suis renseigné . Moi qui vous disais cinq cents kilos ! le christ ou la vierge , oui , tout seuls , sans rien autour , ce poids lá ! mais les porteurs , c'est du pharaonique qu'y trimballent , une tonne , deux , plus ! ... Collés les uns derrière les autres de chaque côté du fardeau , façon porteurs de cercueil ... mais géant le cercueil , avec le nazaréen qui grimace sous la couronne d' épine . Ah ! Pasque les francs-francs , les français , j' vous ai dit , z'aiment pas trop le drame , alors les Jésus des églises sont assez " light " , plan hippy blondasse , cloués sur la croix certes mais planants déjà aux cieux , leur doux regard perdu vers leur papa éternel . Mais ici , pardon , rictus d'agonie sur les lèvres , sang dégoulinant dans les yeux , narines pincées , muscles tordus tétanisés ,regard en dessous .., ce regard surtout : c'est pas dur , t'as l' impression qu'y te r'garde , le Yeshua , qu'y te reproche á toi , oui oui , à toi direct , les coups de fouet , les crachats , la croix . Y t'accuse , que tu voyes bien que c'est pour tes putains de pèchés qu'il va crever , Lui , comme chaque année depuis des siécles ... Bon j' vous disais , les porteurs ... et les porteuses ! Ah ! J'allais vous oublier ça aussi ! Le docteur Alois qui veut pas m' lacher ! vieux sénile ! Ah mais pardon ! Les porteuses , scandale ! Polémique ! Bon toi de dehors tu sais pas si c'est mec ou meuf c' qui s' cache sous la tunique KKK , mais l' Eglise elle voit pas d' un bon oeil qu'y ait des filles portant les statues ! Ça non ! Comme pour le cacao ... Cette proximité dans l'effort , tous les uns derrière les autres madrier sustentatoire à l' épaule , ça pourrait donner des idées , aphrodisiaque pis que cacao , des érections aux gars ...Entre mecs , c'est pas grave , on peut tolèrer le froti-frota queue leu-leu façon monôme ( en moins rigolard , faut dire quand même ) l' Eglise peut comprendre même si elle aime pas les pédés , mais que des meufs viennent exciter ces messieurs par leur hanches roulantes sous la toge! Faut dire qu' une bonne femme encagoulée , entuniquée , marchant au pas lourd que j'vous ai dit plus haut , rrran rrran tan-plan , c'est vachtement bandant ! Non ? Non ? Ah ! C'est qu' vous êtes pas curé , vous pouvez pas comprendre , comme la Conférence Épiscopale ... et puis , dans " entuniquées " n' y a-t-il pas " entu " ? En tu niquée . Salopes ! sauf la vierge Marie , pourtant la plus fiéffée douée menteuse libertine pour les siècles des siécles !



Mais je vous fais rigoler , un p'tit moment de détente , vous l'avez bien mérité après qu' les tambours de deuil , les sonneries aux morts vous résonnent dans les tympans , aprés qu' vous ayez failli gerber tout ce chocolat et ces petits oeufs fantaisie rien qu' à imaginer la gueule du nazaréen captif , torturé , flagellé , scalpé vif pour ainsi dire ! Faut pas vous bouffer l' encéphale , pas vous presser l' citron , moi j'vous raconte mais c'est plus émotif qu'aut' chose , prenez de la distance.... enfin , allez pas trop loin quand même , vu que maintenant on va être un peu didactifs , pas mourrir complétement cons ... Si on peut dire parcequ'au bout du compte , les us et coutumes des tribus humaines à travers les ages , pas sur que ça te rende plus intelligent ... on va dire que ça peut rendre moins con , remettre un peu les choses à leur place , si c'est qu'elles en ont une de place ...



Voilà maintenant on va parler plus du tout des hystéries catho , ni des plaisirs gourmands paiens .Les origines ... fête du printemps ... dans toutes les cultures ... avec les rites de grand nettoyage , partout ... Les hébreux , bergers nomades dans le désert , sacrifiaient un agneau . Ah ça vous dit quequ' chose , l' agneau pascal , pas vrai ? Parceque la Pâque ...oui oui la , pas les , la Pâque juive y'en a qu'une ... fête importante et joyeuse , familiale , on chante , on raconte l' histoire de la sortie d' Egypte , Moishe sauvé des eaux ( pléonasme... ) , les gamins cherchent non pas des oeufs mais des miettes de pain qu'il s' agit de brûler pour laisser place... à du pain azyme , la matsa ... le plus jeune de l'assemblée pose des questions rituelles , on célèbre la libération de l'esclavage sous le cruel pharaon , on raconte l' histoire , l' Histoire . Haggada . Grand nettoyage donc , pas la plus petite trace de levure , levain ... que les juifs échapèrent si précipitemment qu'ils n'eurent pas le temps de laisser reposer la pâte du pain ,, cuit sur des pierres plates , le pain ne leva pas , ça s'appelle la matsa ... pas de levain , pas de whisky , pas de bière, j' peux dire que j'ai vu des juifs qui yrouvent dur ... en plus que la matsa , le pain azyme , tu le bouffes toute la semaine , nature ou parfumé à l' orange , et ça te fait pêter que c'en est intenable l'odeur ... Mais y'a des trucs plus rigolos encore ... le kiddouch , histoire de remercier l' Eternel d'avoir créer la vigne , origine du vin de messe je dis... en tout cas , pinard , joie et douceur !... le seder , un plat qui réunit les symboles: 3 matzot pour les trois parties du peuple ; herbes amères pour l'amertume de l' esclavage , qu' on trempe dans l'eau salée comme les larmes versées ; une pate ou boullie de fruits bruns , pommes , noix , canelle , pour évoquer le mortier des constructeurs , c'est doux et sucré comme l' espoir , comme la délivrance...; un légume de saison concombre , laitue , avec la même symbolique que le maror , les herbes amères ; un os en souvenir de l'agneau sacrifié à l' époque du Temple de Yerouchalaïm ; un oeuf --tiens , ça vous rapelle pas queque chose , une histoire de cloches pondeuses ... ? -- symbole originel multiface , deuil, renouveau ... On raconte la Haggada , j' vous ai dit , vous avez surement vu le film , Moïse , les plaies d'Egypte , la mer qui s' ouvre , Yul Brynner et Charlton Heston , ... On picole pas mal , en général un petit blanc , ou un rouge bien épais ... et tout tout tout kosher spécial , kosher le pessah' ! Faut dire qu' y a un sacré bizness avec le " kosher le pessah' " , tout coute plus cher ! le tampon du rabinat , ça multiplie les prix... Pour les qui doutent ( je ne dis plus " dubitatif " ça en excite quelques uns qui croient que c'est un mot cochon . Dubitatif : le doute l'habite ...) , j'ai vu du Coca cola kosher le pessah ... pas que vu , bu aussi ... pas senti la différence , mais c'est sûrement parceque j' ai mauvais esprit . Toujours est-il que , je vous disais , la Pâque juive , une bamboula très très sympa , chants , histoires , rigolade , pinard , joie ... pinard , puisqu' on en cause , une coupe réservée pour le prophète Ëlie , qu'on lui laisse la porte entrouverte ... La part du pauvre moi je dis ... dans nos campagnes on faisait ça aussi , garder une portion de bouffe pour le voyageur , le nomade , le vagabond de passage ... Pessah' ! Pas du tout lamentations jérémiades sainte trouille douleur pénitence que vous voyez à Grenade , Séville ...



Dimanche qui vient , c'est , pour le Pape et ses sbires , dimanche " de résurrection " , mais mes amis j'vous dis moi que cette histoire de résurrection est pas prouvée du tout scientifiquement , vous fiez pas , ralentissez sur la route , levez l' pied , si les Pâques sont là c'est pas utile d' inviter a la Parque Atropos . Saluts et fraternité aux frères et soeurs de la cote , ceux qui voguent entre l' ile de Pâques et la Trinité -sur-mer ( où y a pas que Jean-Marie et des villas Mein Kampf , soyez pas poncif-victimes ) .






miércoles, 21 de marzo de 2012

y'a 40 ans Moulin-Mer sur rade. épilogue

La clémence du Gros ... sur ce coup-là ... kif-kif la clémence d' Auguste . Tout juste si il m'a pas dit " Prends un siège..." ou " Va , je ne te hais point " . Instit' , le Gros , l' avait lu Corneille ... Le Gros , Auguste , même combat ! ... L' avait un p'tit air prétorien , des fois , le Gros ... Sénateur romain , si on veut , mais dans le style breizhou ... un genre de Lucullus armoricain , cou proconsulaire , couperose aux pomettes , le pif couleur du jus d' la treille ... Çui-là qu' a pas vu le Gros torse-poil , debout dans un Vaurien , bedaine conquérante , l' oeil prompt á tout noter de c'qui s' passait sur l'eau , çui-là qu'a pas vu ça ... l' a rien vu ! Mythologique c' était , le tableau ! Un drakar à lui tout seul , un dragon marin ( on est dans l'année du Dragon d'eau , les aminches ) , Gradlon maitre des flots ! J' rigole pas .... allez donc voir à Argol le porche de l'église , la statue du roi Gradlon .... z' avez la même à saint-Corentin , la cathédrale de Quimper , sauf qu' á 20 mètres de hautteur ... éh ben , mettez-y une barbe , au Gros , et dites-moi si il ressemble pas ... ou alors si vous préfèrez la symbolique hellène , on pourrait dire que le Gros , avec tous les p'tits Ulysse qu'il a hébergés , c' était un genre de Laerte à la sauce gwen-ha-du . Gwen-ha-du , blanc et noir , la bannière herminée ... " la voila la blanche hermine , vive la mouette et l'ajonc " ... Mais j' emmêle les drisses , Alzheimer me fait mélanger les grecs , les breizhous , les hispaniens même ... vous qu'avez été patients , qu' avez supporté mes délires ... j' abuse ... Sûr que vous aimeriez mieux que j'vous évoque par exemple Ragnhild , ses cheveux frisotés façon Julien Clerc ... ou que j' vous cause du seul stagiaire qui , chaussant du 48 , se faisait jamais piquer ses tennis ... ou encore que j'vous évoque les campements au sillon des Anglais , les piaules de surveillance dans chaque dortoir , le putain d'amphithéatre qu' ils ont fini par construire dans le bois , les retours de croisière avec les " mousquets " ... Ben non , tout comptes faits , j' vais vous causer pour finir de l' arrivée de Georges dans l' décor . J' sais pas au juste pourquoi , mais j' ai jamais pu l' piffrer , Georges ... p'tet' pasqu'on disait qu'il sortait avec Gaella ( z' oubliez pas , ma première mono , mon amuuuur de bébé ) , ou qu'il avait la tronche et les manières d' un fonctionnaire socialo ,barbiche comprise , ou qu ' il venait mettre de l' ordre et de l' officiel dans la fratrie flibustière de Moulin-Mer ... Toujours est-il que ce type ne me mettait pas á l'aise , plus terrien que marin qu' il était , á mes yeux . Son arrivée a précédé mon départ de peu , un an ou deux , trois au max ... L'abiance était plus pareille , trop de monde , un peu trop de tralala , " qu'on aurait dit , ou peu s'en faut , qu' ça fréquentait des amiraux " comme glose la ritournelle de Recouvrance .
Les sirénes ... celles qui m'ont servi de muses pour ce minable essai de mémoires imparfaites ...ça fait longtemps qu'elles ont quitté leur ile entre Charybde et Scylla , qu' elles viennent plus faire du rase-cailloux dans l' arrière-rade . J' les salue , j' les remercie presque ... avant que les crabes me bouffent complètement ... A vous aussi qui m' lisez faudrait que j' vous remercie ...tant qu' j' en ai la force ... Mais les vrais protagonistes de cette période de mon enfance , entre mes 10 et mes 18 ans , ç' aura été l' Océan et ses ambassadeurs : le Gros Jacques Kerhoas , fondateur du centre et créateur des premières " classes de mer " et Marco Kerhoas son fils devenu par la suite , je crois , capitaine de pêche en Irelande , Marco qui m'a appris tant et tant sur la mer et sur moi-même . Voilà , c'est tout , chacun rentre chez soi , vaque à ses occupations .... Oubliez pas , l'alcool tue lentement mais le marin breton n'est pas pressé ... sortez jamais sans votre bite et votre couteau ... ciel pommelé , femme fardée ,ne sont pas de longue durée ... oubliez pas les filles et le curé de Camaret ... oubliez pas , ... pas trop ...

lunes, 19 de marzo de 2012

y'a 40 ans Moulin-Mer sur rade 2

L' embarquement , j'vous disais ... D'abord , fallait descendre les dériveurs ... à la cloche , qu'on nous f'sait l' branle-bas ... La cloche ! Moi qui suis pas loin d'y être , de la cloche ... Clochard certes , ou pas loin de l' être , du moins selon les critères occidentaux , mais : céleste ( entendez : comme l'empire céleste : sérénité et yop la boum ! ) ... voilà que j'veux vous causer de la cloche en bronze qui rythmait la vie à bord du Centre ! Entre deux géants safrans qu'elle était , la cloche ... à côté de l' Aquarium ... Vous situez ? ... cette espèce de place , limtée par un genre de maquis d' épineux , où on faisait l' "accueil " des stagiaires ... cet " accueil " me paraissait une concentration déplaisante d' êtres humains , une kermesse bigarée et inquiète , des gens qu'il allait falloir fréquenter 2 semaines ... bon , ça va , j'arrête , mais vous voyez que la misanthropie elle me vient de loin ! La cloche , je disais ...pour la descente des dériveurs ... au petit matin un peu blême , avant le p'tit-d`j' ... j' vous remets dans l' ambiance ... On s' trimbalait les Vauriens , les 4.20 , 4.45 , mowglis , 4.7 ... Ah mais sans chariot ! on parle des temps héroiques ! Le luxe est venu plus tard , avec l'afflux des hordes de 200 stagiaires par quinzaine ... des gugusses venus de partout , mais pour les autochtones c' étaient au mieux " les tourist' " et au pire les Parigots-têtes-de-veaux Parisiens-têtes-de-chiens . Ah ! Vous frappez pas , juste je dis la vérité , même avec Internet le chauvinisme-esprit-de-clocher existe ... un seul esprit par clocher ... y'en a plein des gens qui croient que leur tribu c'est la seule et la meilleure ... des " imbéciles heureux qui sont nés quelque part " , chantait Monsieur Brassens . Toujours est-il qu'au bar " L' Hermine " de Logonna-Daoulas , les stagiaires c'était " les parisiens " . Ou " les tourist' " ... même pour la svelte et blonde adolescente qui servait derrière le comptoir du bar ... "L Hermine " j' vous ai dit ... elle , son regard emprunt généralement d' une insondable et intrigante vacuité , elle dont l' oblongue boite cranienne , ornée d'une frange couvrant le front , avait motivé le surnom de Nuts ... ou c' était Treets ? ...





J' vous causais du luxe ... grace aux stagiaires ... Ils ramenaient de l'artich ' mine de rien ! les 200 gugusses ... Ça leur a donné droit aux chariots pour descendre les dériveurs ... aux moteurs aussi z'ont eu droit , pour faire les embarquements sur prame ... pourtant , la godille , son mouvement chaloupé un peu voyou , les pieds bien calés , un peu écartés ... impulsion des genoux se prolongeant par un déhanchement élastique , le bassin sur rotules , balancement synchrone des épaules , coudes et poignets à la fois flexibles et fermes ... Si l'aviron tenait le coup au départ , si il supportait en ployant mais sans rompre les premiers "8" , ceux qui lançaient la prame chargée ras-la-gueule , alors t'avais plus qu'á caresser l'eau pour garder l'erre , une main ... peinard , pépère ... sauf si pour rejoindre les mouillages de Caravelles , Ca.co , Mentors , Cigognes ( un jour je vous causerai d'une croisière de 7 jours sur une Cigogne , on avait 12 ans , y f'sait froid ... ) , sauf donc si il y avait du " jus " , lá tu mettais les deux mains sur le manche et... le manche ? les deux mains ? Tout ça est très freudien , j'en vois encore qui rigolent ! Sachez messieurs-dames les rieurs que je suis ambidextre ... " comprenne qui veut ... ou qui peut " ( ça c'est du Bobby Lapointe ) .





Bref , le tout pour la godille c'est que l'embarcation , le bonhomme et la pelle de l'aviron fassent qu'un ... un peu comme le truc de Marco pour soulever l' étrave d' un Vaurien ... sans effort apparent ... tout dans l'art ... geste ... le style naturel ... La descente des dériveurs ... Vous voyez que je perds pas le cap , je louvoie , certes , mais le cap : tenu ! fidèle aux préceptes , votre timonier ," contourner les caps et saluer les grains " . Les stagiaires ... pour eux c'était une sauvagerie , la descente des bateaux ! La mise à l'eau ! Ça ralait sec , de devoir bosser au sortir du lit ! Pas habitués à des horreurs pareilles , les pauv' citadins ! J'ai un pote comme ça , sans son café il est personne ... il existe pas ... Là avec les stagiaires , pareils . Si ça regrettait les cafés-croissants ! Même avec des chariots ... qu'on voulait leur mort ... que c' était pire que la Berezina ... la retraite de Russie , l' exode des fils d'Israel hors d' Egypte , la longue marche de Mao , surpassées par la tribu des irréductibles bretons qui leur faisait porter des bateaux lourds comme des menhirs ... à preuve , y' en avaient qui cherchaient à se planquer , se défiler , tireurs au flanc insolidaires de leur pairs ... et pas les plus malingres ... Si j' vous dis que l'être humain est un sale con , tòt ou tard ... regardez : moi ... Bon . Pour les croissants de toute façon , y pouvaient toujours se brosser , en guise y avait pain-beurre-confiture ... fraise ou abricot , la confiture ... pas d' la " Bonne Maman " , d' la confiote en boites de 8 kilos que " l' homme de jour " se chargeait de faire répartir par tables de 12 . L' homme de jour ... dans la Royale on aurait dit : le commissaire de bord . Mais le Gros devait trouver que l'époque était déjà bien assez riche en commissaires de tous poils ... alors on disait : homme de jour , çuilà qui organisait le bocson à terre... Pas de croissants , j' vous disais ... Ah !... Mais cette miche ... ce pain encore tiède du fournil ( des fois , en fait : pas souvent ) , miche dorée croustillante par dehors , savoureuse tendre par dedans ... les charmes d'une fille des îles-sous-le-vent et d'une vestale nordique réunis par l'art d'un boulanger ... Yin et Yang . Non , sans rire ! Ces tartines c' était un peu de Capoue et ses délices ... Surtout après l' effort ... après l' effort , le réconfort , ça a pas d'age ça ... À faire la mise á l'eau des dériveurs , vous vous souvenez , petit matin , blême , des fois bruineux , tu te réchauffais d'abord , à trotter en portant 30-40 kilos , ta portion du poids ... d'un Vauvau l'autre tu te coltinais le double quintal , mine de rien ... tu te réchauffais le corps , et l'ame aussi , à faire le boulot en groupe ... Jusqu'au moment où la flotte rentrait dans tes bottes ... Lá alors c'est quand tu te réveillais pour de bon ...là y avait plus de faux-semblants , que tu les voyais les ames trempées dans l'iode du varech et la pluie salée , et les autres , celles qui rêvaient teinture d'iode et sels de bain . Ouiche ! Elle valait son pesant de bonheur , la tartine coupée à l' Opinel , miche à plein bras , celui qui coupait on lui voyait un sourire qui trompait pas ... Un poète ! Trouvez-moi un poète pour chanter le geste auguste du trancheur de pain de campagne !





Tout ça c' est les plutôt bons souvenirs , mais vous avez le droit de savoir ... je confesse ... en plus de con-fesser ... les petites conneries , les virées au Moulin le samedi soir , les flirts , les plans frimeurs avec les Mentors , les soirées Bob Dylan Alan Stivel ( à Toutoune , c' qui lui plaisait c' était plutôt Jhonny et Sylvie , moi j' donnais Antoine , Dutronc , Brel , Dick Annegarn et Beatles ) , une ou deux mufflées , de tout ça : coupable . Mais le truc qui m' a fait flipper en couleur et en stéréo , c' est la fois où j' ai coulé un genre de canot fabrication artisanale d'un brave vacancier qu' avait embarqué sa famille au grand complet . Papi , mamie , tonton , bobonne , les mômes , tout ce p'tit monde tassés dans l'cockpit , bien sagement assis , le papa cap'tain fier comme Artaban à la barre ... Ils sortaient tout doucement de l'anse du Moulin , plus poussés par le courant que par le petit Suroît annonciateur d'une énième dépression ... tirant bord sur bord entre les mouillages plus ou moins forains , crochant leur dérive dans les espars flottants , se dégageant à coups de gaffe , foc à contre , " Ginette , largue au taquet !... Raymond , fais-moi contre poids ! Les enfants , poussez-vous -- ( Où ça qu'y z' auraient pu s' pousser ? ), attention ! " . Serviteur , 14 ans , chef de bord d' une des deux Caco , bien décidé à faire envoyer le spi avant Goasqueillou ( et ses trilobytes , vous oubliez pas ? ) avait tiré un p'tit bord vers la pointe sus-dite , histoire de tout remettre au point avec les 4 stagiaires : tangon , écoutes , hale-bas de tangon , manoeuvre de dérive ... donne la voix d'abattre vent arrière -- " __Sans empanner , ok ? Une fois envoyé le spi on remonte au largue et on s' met dans l' chenal . " -- ... Bref le plan super efficace , que même Nelson celui de Trafalgar ( le cap de Trafalgar , j' l' ai quasi devant ma fenêtre ) et de Santa Cruz de Ténérife ( ousque j'ai cherché dans la rade , au milieu de globicéphales , le bras qu'un canon françose lui avait arraché ) , que même lui l'Amiral saxon il aurait salué d' un coup de rhum ou de malvoisie ! Une manoeuvre pensée , jaugée , organisée , planifiée , du prêt-à-consommer faut-il que j'vous l'emballe ... bref ... Bibi laisse sa meilleure barreuse seule 10 secondespour surveiller le hissage du spi depuis le pied de mât ... on est au grand largue , ça bourre ... enfin ... pour une Caravelle ça bourre ! ... la drisse de spi se tend , siffle dans la brise , z' y va , ça baigne ... le gars qui tient le sac de spi et maintient les deux ralingues jointes ... merde : s'empatouille , se tord la cheville sur la chaine d'ancre , j'lui donne un coup de main pour se remettre debout , j' ordonne l'abattée pour gonfler le spi , et en relevant la tête je vois... par tous les Tritons de la ville d'Ys , je vois ce pauv' canot' , familial , proméne-couillons qu' il l' a qualifié , le Gros , plus tard... juste sur mon étrave ... Le moment : figé dans ma tête ... congelé , arrêt sur image ... Blang ! Klong ! Clac !... Z'ont pas tardé deux minutes pour sombrer corps et biens ... enfin , corps , non , heureusement ... Ç' aurait pu ! Mais non , ça pataugeait , la famille Fenouillard , dans leur baignoire qui se remplissait inéxorablement ... Le cap'tain s'accrochait au mât de sa baille qu' allait par le fond , sa casquette fantaisie se dévissait de son crâne pour voguer toute seule au gré des flots ... Tu parles qu'on l'a affalé , le spi ... puis empannage rapide , bibi Boubou à la barre , revenir sur les lieux de crime , du naufrage , de l' éperonnage ... Récupèrer les gosses , le Jackez Coz venant repêcher le reste ( merci Sergio ) . Tu parles si j' m' attendais á l' engueulade monstre , à la Vigie , dans l' bureau de Gros ... Il m' a juste demandé un rapport précis des évènements ...

sábado, 10 de marzo de 2012

y'a 40 ans moulin-Mer sur rade

Y sont combien ?... et elles ?...qui m'ont dit , répété plus soif , encensé , adulé ma prose , qu'il faudrait bien que j'écrive , un bouquin , que dis-je ...plus ! , une trilogie , encore plus ,une oeuvre ! publie , succès garanti qu'y disent , qu'elles trompettent ... Comme tous les hexagons , depuis petit , serviteur se sentait un peu l'ame littéraire . Un peu , pas trop quand-même , le bon vieux Jean de La Fontaine enseigné en classes primaires modérant l'enthousiasme , " Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute "... Mais en fait je me demande bien -- et ne me réponds pas , comble de l'inconséquence ! -- ce que vous pouvez tirer comme avantage , vous flatteurs flatteuses , des radoteries misanthropes séniles que je ponds , pose , dépose . Petit intermède linguistique , pas pour frimer , non , rigoler plutôt , instruire en s'amusant : " deposiciòn " , en hispanien , ça veut dire défécation ... à se souvenir le jour où on vous amènera à déposer devant un juge ... Association d'idées : flatteur , flatulence , et de là un coup de caca-pipi-prout ... esprit cour de récréation , école primaire , moi-même primaire en diable ... et le multilinguisme qui m' émoustille les neuneus , les neuneus , les neurones . La langue ! ... les langues ! multilinguisme ... cunnilingus ... Femmes frigides ? Que nenni , mauvaises langues ceux qui les traite ! Tiens , l'expression " ouah l'aut' ! Y m'traite , là ! " elle a l'air modrene et tout , ben mes potes elle existait pendant l'entre deux guerres ! Certifié ! Louis-Ferdinand l'utilise ! Pour les plus jeunes j' précise , les deux guerres que j'vous cause , c' est la Grande ( 1914-1918 ) et la Seconde ( 1939-1945 ) ... L indochine , l' Algérie , l ' Afganistan , l 'Irak sont venus plus tard ... Pas qu'y ait des générations sans leurs horreurs .





Mais je vais vous perdre avec mes digressions , c'est toujours comme ça , le baladin balladeur qui peut pas s'empêcher chez moi ! ... Pardon ... Oh ! Et puis non ! ... pas pardon ! de quoi , pardon ? Tous et toutes font rien qu'à me dire " Maestro ! Régalez-nous de vos écrits ! ... votre style ... lyrisme ... décoiffant ... Tambours et trompettes ..." ! Mal embouchées , les trompettes de la renommée ... J' les écoute pas , bien sûr , mais ... Y a toujours un mais... au bout du compte ... z'en faites les frais ... Faut dire que le bon Jean de La Fontaine , il écrivait ses fables pour faire oublier ses contes frivoles , paillards , libertins ... alors ses leçons de morale pour Loulou quatorzième du nom , un tantinet sabordées ... sabotées ... que j' dis ... Moi j' l'aime bien le ci-devant La Fontaine , un joueur , dragueur , dispendieux , un peu pornographe , un vivant ...




Bon j'vous disais , plein de gens qui veulent me lire ... une douzaine , au moins ... moi qui connait personne ! ... Surtout des femmes , faut dire , qui m'encouragent , me poussent à coups de " J ' adooore ! " de " Maestro ! " . Sirènes , ... chantez sirènes , hullulez , pullulez , roucoulez ... Plus con que moi tu meurs , comme si je voyais pas que des fois ça vous agace ma " prooose " , et nonobstant je claviette dur , ça me prend du temps , mes pauvres yeux piquent et larmoient devant l'écran , rien n'y fait , j'écoute vos ronronades " Maestrooo ! " , alors j ' écris , pour vous , pour moi , pour rien ...









Des sirènes j'en ai connu quelques unes dans mon adolescence et puis après aussi , ou alors c'est bibi qu'a l'ouie plus sensiblement finaude et capte leurs chants façon gonio... des toutes sortes de sirènes , j'ai fréquenté : les maritimes , océaniques , les ambulancières , les policières , les alarmistes ... j' vous raconterai ... Enfin , les sirènes qui croisaient du côté de Goasqueillou c'ètait dans les premières qui m' chantaient , m' enchantaient ... Faut vous situer : la pointe de Goasqueillou et ses fossiles de trilobites , Landévennec et son abbaye et la côte ouest de l'arrière rade ... sillon des Anglais , pointe du Fret , et puis en face la pointe du Bendy , limite nord du "plan d'eau " . Le " plan d'eau " ,voila un truc qu'avait son importance à Moulin-Mer , là où ce qu'on enseignait aux gamins de mon genre comment flirter avec les Atlantes , là où qu'elles étaient les sirénes de mon enfance ... Extensible , réductible , élastique , le " plan d'eau " , selon la météo , échelle Beaufort , état d' la mer , coef ' de marée ... on allait même jusqu'à la Pointe d'Armorique pour les picnics estivaux , l' Ile Ronde ... A Pâques on tirait des bords dans le froid et la tourmente , entre Goasqueillou et le sillon ... capelés dans les brassières genre "Royale " de l'après-guerre , grosse toile cirée sur des plaques de liège ... Après , plus tard , avec les " mousquets " skippés par Marco et Jacquez , c'était Ouessant , Sein , Aberwrack , ou Belle-Ile ... La perfide Albion aussi ... Kekez , Marco , les fils du " Gros " ... Pour les ceusses qu'ont pas connu , "le Gros " , c'était le seul maître á bord du centre ... Attention , je dis Centre , mais en vrai : école !... École j'vous dis , t' étais là pour apprendre , pour aller au-delà de tes limites , pour te mesurer à toi-même , vu que la Mer , l' Océan , ils s'ront toujours qu' à te laisser jouer avec eux .. pardon , erreur , c'est toi qu'est qu'un joujou pour eux du moins tant qu' tu s'ras pas fier-dominateur et sûr de toi ... Une phrase du grand Charles ... Mais j'´dérive , le courant m' fait perdre le cap , j' vous causais du Gros , du grand Charles on causera une aut' fois... Le Gros , mine de rien , un précurseur , un sacré instit' , et j' dis pas ça parcequ' y m' avait plus ou moins à la bonne ... au jour d'aujourd'hui ,dans l' quartier d'ma jeunesse , il a un centre scolaire á son nom , le Gros ... ah! désolé , y en a qui tiquent à ce que j'vois , les ceusses qu'ont fréquenté le Centre ... mes p'tits potes , moi le Gros j' peux pas vous le nommer autrement que comme ça , c'est pas irrespect ... Au contraire ... si vous pigez pas c'est qu' vous avez pas été portés sur le rôle d' équipage ... que vous étiez passagers , peut-être , mais pas enrôlés ... J'étais sur des îles subtropicales quand il a rejoint les âmes de Neptune , le Gros , ça m'a fait un coup ... Comme pour Tonton Fanch' : vareuse ocre , moustache blanche , trogne de bon vivant , de vivant , de survivant ... d' humain ,... j' sais pas comment vous dire . Tonton parlait des entrées de rade sur les trois-mâts barques , par calme plat , tout le monde aux chaloupes souquant sur les avirons pour haler le batiment ... des fois pour nous faire un peu peur y nous causait tout doucement , avec un sourire dans les yeux , de la vie des mousses , comment qu'on les fouettait pour appeler le vent si les sifflets des marins suffisaient pas ... des iles aussi y causait des fois , là en plus du sourire y avait des scintillements dans ses yeux , des scintillement , des éclats , même des ocultations qui sont pas dans le Livre des Feux ... Hein ? Ouais , ouais , je sais , le cap ! ... la dérive ... la route fond ... que j' vous perde pas ...









Le Gros donc ... l' avait pas accepté mon inscription avant que j' sache nager , vous dire si j' lui dois ... des années à silloner les piscines du duché de Bretagne ... non , non , j' dérive pas , z' allez voir ... C' est grâce au Gros , ou plutôt grâce à ses paluches superlatives , que j'suis passé chef de bord , intronisé à l' " Aquarium " . Treize pauvres années qu' j' avais , un trac pas possible ... cotoyer , coudoyer à table Marco , Doumé , Loustau , Gilbert , d'autres que j' oublie ... Faut vous dire que ma " nomination " dans " l' encadrement " , c' était pour remplacer Bodénes , alias Bobo . Pour faire facile sur les "plans de stage " , on m'a mis Boubou à la place de Bobo ... Une oreille au Bobo avait eu la malchance de rencontrer la paluche du Gros , comptez huit livres de barbaque endurcie par le chanvre des cordages et les avirons , 4 kilos lancés à la volée sous l'impulsion d' une insubordination du Bobo ... Tympan éclaté ... une chance , le père au Bobo : médecin ... O.R.L. Et copain du Gros ... la légende dit que son père , au Bobo , l'y avait collé une baffe de l'aut' côté pour équilibrer ... rien de bien choquant pour l'époque ...

Toujours est-il que m' voilà qu 'étais passé à l' Aquarium , genre de serre vitrée attenante au réfectoire des stagiaires . Avec pinard sur la table ! en plus du Pchitt citron ou orange ... beurrée initiatique inévitable ... gros rouge qui tache .. du "trois étoiles" venu d'Algérie par mer , commercialisé par les frères Fournier de Plougastel ... Sirènes aussi les filles Fournier , tiens , fréquentées bien plus tard ... Oh ! Mais croyez pas qu' c' était pour mes beaux yeux et mon teint de pêche qu'on m' nommait " chef de bord de caravelle ". Serviteur était mordu de la mer . La rade , mon père me la f''sait sillonner depuis avant que j' marche ... Quand j'ai su nager , tous les stages , vacances de février , Pâques , étés complets ... au Centre . À naviguer ... et pas qu' à ça : à peler les patates , faire la plonge , décaillouter la crique , jours voilerie , atelier , matelotage ... et les " corvées de maerl " ... Le maerl ça faisait réver , corail blanchi par la mort , comme une réminiscence d`Henri de Monfreid ... l' impression d'être en communion avec l'eau salèe jusqu'à terre : fouler du maerl . .. ce crissement sous les boutous ( sabots bretons ) du Gros... les glissades ... la poussière blanche collant aux bas des pantalons pattes d'ef''... une odeur d'algues , de sel , de calcaire ... Le " Notre-Dame de Rumengol " , sablier de la rade , deux hommes d'équipage , un patron ... nous amenait sa charge de corail pilé , aux grandes marées , vives eaux , déchargeait à la grue sa cargaison sur le côté ouest de la cale , là où lui permettait son tirant d'eau ... après on répartissait à la brouette , à la pelle ... Allez pas croire comme ça à c'que j'vous dis que c'était l' bagne , oh non ... on s' fendait la poire , ping-pong à gogo , chants de marins , gavote et tout le tremblement ... les bigorneaux à marée basse ... et puis l' été les stagiaires renouvelés tous les 15 jours ... tous et toutes moins de 17 ans ... hormones exacerbées par l'ambiance post-soixante-huitarde ... les bacchanales restaient phantasmes , en général ... les rondes du gros , rondes de nuit , complicaient un peu les passages à l'acte ...





Mais les débuts dans l' Centre , mes aieux ... ouf ! Serviteur en menait pas large... Passer du franc-bord d'un croiseur côtier à celui d'un " P'tit mist " , ça fait drôle . T'es dans ta caisse à savon , la flotte qui clapote au ras du liston ... et pas qu'au ras du liston , ça clapote aussi dans les fonds , t'as l' cul qui baigne ... ça rentre par le puits de dérive ... et par la proue carrée ... tu t' vois déjà la caisse transformée en baignoire ... écopage de temps en temps , pour pas sombrer ... et puis surtout pas dessaler ! C 'est pas pour dire , mais ça caille en rade , l' eau est pas chaude ... on disait aux monos qui faisaient la sécu , sur prame ou sur ce bon vieux Jacquez Coz , moteur Baudoin , on leur disait " Z'avez trente minutes pour tirer de l'eau les stagiaires " ... après : l' hipothermie ... N 'empêche , le " p'tit mist ", c'était fendard ... surtout quand ça piaulait ... lui montrer á Gaella de quoi qu' j' étais capable ! Ma première chef de groupe , Gaella .... à onze ans moi j' trouvais qu'elle sentait bon Gaella , comme une institutrice baba-cool avec des gros nénés ... Faites un effort , fichtre , diantre ! ... revenez à vos onze ans , et arrêtez de vous marrer en vous foutant de ma gueule ! Se souvenir . C'est pas dur ... et de temps en temps ça fait du bien ... de se souvenir de comment on gambergeait à douze , quinze , vingt , trente balais... ou hier ... tu vois si t' évolues un peu , si tu vis ... Je reviens á Gaella ... sirène celtique , lunaire , vénusienne... sa baguette magique : la livarde ... rien qu'un bout de bois , mais qui vous étarquait la voile latime ... les lacaniens vous diront que la livarde est suggestive , qu' elle fait sens , le signifiant prenant une dimension post-virtuelle , elliptique et amphigourique ayant plaçé l'objet dans une succession de réalités matérielle puis virtuelle puis à nouveau matérielle ( on dira néo-matérielle pour simplifier ) ... Une autre sirène , genre colosse , a voulu un jour m'apprendre à danser le rock ... au Moulin ... en boutous ... pour ça peut-être que je danse jamais en couple ... y'a de ces traumas de jeunesse ...









Enfin , l'Aquarium c' éait un peu un monde masculin , quand-même , faut reconnaitre ... tout le Centre , à bien y regarder ... elles étaient pas nombreuses celles qui faisaient le poids sur l'eau , celles à qui t'aurais confié ton sort dans un coup de vent ... pour une prise de ris ou un changement de foc ... Mais vous fiez pas à mon jugement , moi plutôt solitaire toujours , et puis ironique provoc' ... agit'-prop' si on veut ... Ça faisait chier deux ou trois gugusses , des qui s'croyaient anarchistes et qui m'voyaient réac' ... des anars de luxe moi j'vous dis , pas les mains calleuses , aujourd'hui sûrement des bons bourgeois plouto-sociaux-démocrates avec porte-feuille à droite ... une poignée d' intellos qui v'naient se faire une petite réputation ... j' donnerai pas d' noms , y s' reconnaitra celui que quelques années plus tard j' voyais déambuler vers les bars branchés de Brest , déguisé en Sherlock Holmes ... pipe et tout ...





Heureusement y' avait des gens sérieux , tiens , un exemple , Toutoune , ou son frangin Yvan . À ce que j' sais , le Toutoune a repris la menuiserie de son père à Daoulas ... sur les quai de la Doufine ... un jour de marées coef dans les 110 , tout mômes , on avait fait régate là-bas , juste devant chez lui ... en P'tit Mist ... avec le Toutoune , monos ensemble , croisières , avec Marco comme chef de bord de Mousquet , ... CAEV aussi avec lui , à Tréboul ... A Marco , à Toutoune , à Yvan , un peu que j' leur ai confié ma vie , plus d'une fois ! ... juste le coup par exemple que l ' Marco nous a fait faire des prises de ris changements de focs par force 9 autour des Tas de Pois ... de nuit ... fallait avoir la foi moi j'vous dis , la foi dans l' homme de barre , la foi dans tes équipiers , la foi dans l' Marco ... qu' y t' récupèrerait si tu tombais à la baille ... objectivement , de nuit , avec la manoeuvre limitée , une visi de 30 mètres au plus sous les grains , avec des creux de 3 à 5 mètres , il aurait eu du mal à récupèrer quoique ce soit , tout Marco qu'il était ... Seulement ce gars là c'est lui qui prenait la proue des Vauriens , douze ou quinze mômes autour des listons , pour faire " l' embarquement " ...









L' " embarquement " , encore un truc inévitable à vous raconter ... si vous avez la patience ...