Y sont combien ?... et elles ?...qui m'ont dit , répété plus soif , encensé , adulé ma prose , qu'il faudrait bien que j'écrive , un bouquin , que dis-je ...plus ! , une trilogie , encore plus ,une oeuvre ! publie , succès garanti qu'y disent , qu'elles trompettent ... Comme tous les hexagons , depuis petit , serviteur se sentait un peu l'ame littéraire . Un peu , pas trop quand-même , le bon vieux Jean de La Fontaine enseigné en classes primaires modérant l'enthousiasme , " Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute "... Mais en fait je me demande bien -- et ne me réponds pas , comble de l'inconséquence ! -- ce que vous pouvez tirer comme avantage , vous flatteurs flatteuses , des radoteries misanthropes séniles que je ponds , pose , dépose . Petit intermède linguistique , pas pour frimer , non , rigoler plutôt , instruire en s'amusant : " deposiciòn " , en hispanien , ça veut dire défécation ... à se souvenir le jour où on vous amènera à déposer devant un juge ... Association d'idées : flatteur , flatulence , et de là un coup de caca-pipi-prout ... esprit cour de récréation , école primaire , moi-même primaire en diable ... et le multilinguisme qui m' émoustille les neuneus , les neuneus , les neurones . La langue ! ... les langues ! multilinguisme ... cunnilingus ... Femmes frigides ? Que nenni , mauvaises langues ceux qui les traite ! Tiens , l'expression " ouah l'aut' ! Y m'traite , là ! " elle a l'air modrene et tout , ben mes potes elle existait pendant l'entre deux guerres ! Certifié ! Louis-Ferdinand l'utilise ! Pour les plus jeunes j' précise , les deux guerres que j'vous cause , c' est la Grande ( 1914-1918 ) et la Seconde ( 1939-1945 ) ... L indochine , l' Algérie , l ' Afganistan , l 'Irak sont venus plus tard ... Pas qu'y ait des générations sans leurs horreurs .
Mais je vais vous perdre avec mes digressions , c'est toujours comme ça , le baladin balladeur qui peut pas s'empêcher chez moi ! ... Pardon ... Oh ! Et puis non ! ... pas pardon ! de quoi , pardon ? Tous et toutes font rien qu'à me dire " Maestro ! Régalez-nous de vos écrits ! ... votre style ... lyrisme ... décoiffant ... Tambours et trompettes ..." ! Mal embouchées , les trompettes de la renommée ... J' les écoute pas , bien sûr , mais ... Y a toujours un mais... au bout du compte ... z'en faites les frais ... Faut dire que le bon Jean de La Fontaine , il écrivait ses fables pour faire oublier ses contes frivoles , paillards , libertins ... alors ses leçons de morale pour Loulou quatorzième du nom , un tantinet sabordées ... sabotées ... que j' dis ... Moi j' l'aime bien le ci-devant La Fontaine , un joueur , dragueur , dispendieux , un peu pornographe , un vivant ...
Bon j'vous disais , plein de gens qui veulent me lire ... une douzaine , au moins ... moi qui connait personne ! ... Surtout des femmes , faut dire , qui m'encouragent , me poussent à coups de " J ' adooore ! " de " Maestro ! " . Sirènes , ... chantez sirènes , hullulez , pullulez , roucoulez ... Plus con que moi tu meurs , comme si je voyais pas que des fois ça vous agace ma " prooose " , et nonobstant je claviette dur , ça me prend du temps , mes pauvres yeux piquent et larmoient devant l'écran , rien n'y fait , j'écoute vos ronronades " Maestrooo ! " , alors j ' écris , pour vous , pour moi , pour rien ...
Des sirènes j'en ai connu quelques unes dans mon adolescence et puis après aussi , ou alors c'est bibi qu'a l'ouie plus sensiblement finaude et capte leurs chants façon gonio... des toutes sortes de sirènes , j'ai fréquenté : les maritimes , océaniques , les ambulancières , les policières , les alarmistes ... j' vous raconterai ... Enfin , les sirènes qui croisaient du côté de Goasqueillou c'ètait dans les premières qui m' chantaient , m' enchantaient ... Faut vous situer : la pointe de Goasqueillou et ses fossiles de trilobites , Landévennec et son abbaye et la côte ouest de l'arrière rade ... sillon des Anglais , pointe du Fret , et puis en face la pointe du Bendy , limite nord du "plan d'eau " . Le " plan d'eau " ,voila un truc qu'avait son importance à Moulin-Mer , là où ce qu'on enseignait aux gamins de mon genre comment flirter avec les Atlantes , là où qu'elles étaient les sirénes de mon enfance ... Extensible , réductible , élastique , le " plan d'eau " , selon la météo , échelle Beaufort , état d' la mer , coef ' de marée ... on allait même jusqu'à la Pointe d'Armorique pour les picnics estivaux , l' Ile Ronde ... A Pâques on tirait des bords dans le froid et la tourmente , entre Goasqueillou et le sillon ... capelés dans les brassières genre "Royale " de l'après-guerre , grosse toile cirée sur des plaques de liège ... Après , plus tard , avec les " mousquets " skippés par Marco et Jacquez , c'était Ouessant , Sein , Aberwrack , ou Belle-Ile ... La perfide Albion aussi ... Kekez , Marco , les fils du " Gros " ... Pour les ceusses qu'ont pas connu , "le Gros " , c'était le seul maître á bord du centre ... Attention , je dis Centre , mais en vrai : école !... École j'vous dis , t' étais là pour apprendre , pour aller au-delà de tes limites , pour te mesurer à toi-même , vu que la Mer , l' Océan , ils s'ront toujours qu' à te laisser jouer avec eux .. pardon , erreur , c'est toi qu'est qu'un joujou pour eux du moins tant qu' tu s'ras pas fier-dominateur et sûr de toi ... Une phrase du grand Charles ... Mais j'´dérive , le courant m' fait perdre le cap , j' vous causais du Gros , du grand Charles on causera une aut' fois... Le Gros , mine de rien , un précurseur , un sacré instit' , et j' dis pas ça parcequ' y m' avait plus ou moins à la bonne ... au jour d'aujourd'hui ,dans l' quartier d'ma jeunesse , il a un centre scolaire á son nom , le Gros ... ah! désolé , y en a qui tiquent à ce que j'vois , les ceusses qu'ont fréquenté le Centre ... mes p'tits potes , moi le Gros j' peux pas vous le nommer autrement que comme ça , c'est pas irrespect ... Au contraire ... si vous pigez pas c'est qu' vous avez pas été portés sur le rôle d' équipage ... que vous étiez passagers , peut-être , mais pas enrôlés ... J'étais sur des îles subtropicales quand il a rejoint les âmes de Neptune , le Gros , ça m'a fait un coup ... Comme pour Tonton Fanch' : vareuse ocre , moustache blanche , trogne de bon vivant , de vivant , de survivant ... d' humain ,... j' sais pas comment vous dire . Tonton parlait des entrées de rade sur les trois-mâts barques , par calme plat , tout le monde aux chaloupes souquant sur les avirons pour haler le batiment ... des fois pour nous faire un peu peur y nous causait tout doucement , avec un sourire dans les yeux , de la vie des mousses , comment qu'on les fouettait pour appeler le vent si les sifflets des marins suffisaient pas ... des iles aussi y causait des fois , là en plus du sourire y avait des scintillements dans ses yeux , des scintillement , des éclats , même des ocultations qui sont pas dans le Livre des Feux ... Hein ? Ouais , ouais , je sais , le cap ! ... la dérive ... la route fond ... que j' vous perde pas ...
Le Gros donc ... l' avait pas accepté mon inscription avant que j' sache nager , vous dire si j' lui dois ... des années à silloner les piscines du duché de Bretagne ... non , non , j' dérive pas , z' allez voir ... C' est grâce au Gros , ou plutôt grâce à ses paluches superlatives , que j'suis passé chef de bord , intronisé à l' " Aquarium " . Treize pauvres années qu' j' avais , un trac pas possible ... cotoyer , coudoyer à table Marco , Doumé , Loustau , Gilbert , d'autres que j' oublie ... Faut vous dire que ma " nomination " dans " l' encadrement " , c' était pour remplacer Bodénes , alias Bobo . Pour faire facile sur les "plans de stage " , on m'a mis Boubou à la place de Bobo ... Une oreille au Bobo avait eu la malchance de rencontrer la paluche du Gros , comptez huit livres de barbaque endurcie par le chanvre des cordages et les avirons , 4 kilos lancés à la volée sous l'impulsion d' une insubordination du Bobo ... Tympan éclaté ... une chance , le père au Bobo : médecin ... O.R.L. Et copain du Gros ... la légende dit que son père , au Bobo , l'y avait collé une baffe de l'aut' côté pour équilibrer ... rien de bien choquant pour l'époque ...
Toujours est-il que m' voilà qu 'étais passé à l' Aquarium , genre de serre vitrée attenante au réfectoire des stagiaires . Avec pinard sur la table ! en plus du Pchitt citron ou orange ... beurrée initiatique inévitable ... gros rouge qui tache .. du "trois étoiles" venu d'Algérie par mer , commercialisé par les frères Fournier de Plougastel ... Sirènes aussi les filles Fournier , tiens , fréquentées bien plus tard ... Oh ! Mais croyez pas qu' c' était pour mes beaux yeux et mon teint de pêche qu'on m' nommait " chef de bord de caravelle ". Serviteur était mordu de la mer . La rade , mon père me la f''sait sillonner depuis avant que j' marche ... Quand j'ai su nager , tous les stages , vacances de février , Pâques , étés complets ... au Centre . À naviguer ... et pas qu' à ça : à peler les patates , faire la plonge , décaillouter la crique , jours voilerie , atelier , matelotage ... et les " corvées de maerl " ... Le maerl ça faisait réver , corail blanchi par la mort , comme une réminiscence d`Henri de Monfreid ... l' impression d'être en communion avec l'eau salèe jusqu'à terre : fouler du maerl . .. ce crissement sous les boutous ( sabots bretons ) du Gros... les glissades ... la poussière blanche collant aux bas des pantalons pattes d'ef''... une odeur d'algues , de sel , de calcaire ... Le " Notre-Dame de Rumengol " , sablier de la rade , deux hommes d'équipage , un patron ... nous amenait sa charge de corail pilé , aux grandes marées , vives eaux , déchargeait à la grue sa cargaison sur le côté ouest de la cale , là où lui permettait son tirant d'eau ... après on répartissait à la brouette , à la pelle ... Allez pas croire comme ça à c'que j'vous dis que c'était l' bagne , oh non ... on s' fendait la poire , ping-pong à gogo , chants de marins , gavote et tout le tremblement ... les bigorneaux à marée basse ... et puis l' été les stagiaires renouvelés tous les 15 jours ... tous et toutes moins de 17 ans ... hormones exacerbées par l'ambiance post-soixante-huitarde ... les bacchanales restaient phantasmes , en général ... les rondes du gros , rondes de nuit , complicaient un peu les passages à l'acte ...
Mais les débuts dans l' Centre , mes aieux ... ouf ! Serviteur en menait pas large... Passer du franc-bord d'un croiseur côtier à celui d'un " P'tit mist " , ça fait drôle . T'es dans ta caisse à savon , la flotte qui clapote au ras du liston ... et pas qu'au ras du liston , ça clapote aussi dans les fonds , t'as l' cul qui baigne ... ça rentre par le puits de dérive ... et par la proue carrée ... tu t' vois déjà la caisse transformée en baignoire ... écopage de temps en temps , pour pas sombrer ... et puis surtout pas dessaler ! C 'est pas pour dire , mais ça caille en rade , l' eau est pas chaude ... on disait aux monos qui faisaient la sécu , sur prame ou sur ce bon vieux Jacquez Coz , moteur Baudoin , on leur disait " Z'avez trente minutes pour tirer de l'eau les stagiaires " ... après : l' hipothermie ... N 'empêche , le " p'tit mist ", c'était fendard ... surtout quand ça piaulait ... lui montrer á Gaella de quoi qu' j' étais capable ! Ma première chef de groupe , Gaella .... à onze ans moi j' trouvais qu'elle sentait bon Gaella , comme une institutrice baba-cool avec des gros nénés ... Faites un effort , fichtre , diantre ! ... revenez à vos onze ans , et arrêtez de vous marrer en vous foutant de ma gueule ! Se souvenir . C'est pas dur ... et de temps en temps ça fait du bien ... de se souvenir de comment on gambergeait à douze , quinze , vingt , trente balais... ou hier ... tu vois si t' évolues un peu , si tu vis ... Je reviens á Gaella ... sirène celtique , lunaire , vénusienne... sa baguette magique : la livarde ... rien qu'un bout de bois , mais qui vous étarquait la voile latime ... les lacaniens vous diront que la livarde est suggestive , qu' elle fait sens , le signifiant prenant une dimension post-virtuelle , elliptique et amphigourique ayant plaçé l'objet dans une succession de réalités matérielle puis virtuelle puis à nouveau matérielle ( on dira néo-matérielle pour simplifier ) ... Une autre sirène , genre colosse , a voulu un jour m'apprendre à danser le rock ... au Moulin ... en boutous ... pour ça peut-être que je danse jamais en couple ... y'a de ces traumas de jeunesse ...
Enfin , l'Aquarium c' éait un peu un monde masculin , quand-même , faut reconnaitre ... tout le Centre , à bien y regarder ... elles étaient pas nombreuses celles qui faisaient le poids sur l'eau , celles à qui t'aurais confié ton sort dans un coup de vent ... pour une prise de ris ou un changement de foc ... Mais vous fiez pas à mon jugement , moi plutôt solitaire toujours , et puis ironique provoc' ... agit'-prop' si on veut ... Ça faisait chier deux ou trois gugusses , des qui s'croyaient anarchistes et qui m'voyaient réac' ... des anars de luxe moi j'vous dis , pas les mains calleuses , aujourd'hui sûrement des bons bourgeois plouto-sociaux-démocrates avec porte-feuille à droite ... une poignée d' intellos qui v'naient se faire une petite réputation ... j' donnerai pas d' noms , y s' reconnaitra celui que quelques années plus tard j' voyais déambuler vers les bars branchés de Brest , déguisé en Sherlock Holmes ... pipe et tout ...
Heureusement y' avait des gens sérieux , tiens , un exemple , Toutoune , ou son frangin Yvan . À ce que j' sais , le Toutoune a repris la menuiserie de son père à Daoulas ... sur les quai de la Doufine ... un jour de marées coef dans les 110 , tout mômes , on avait fait régate là-bas , juste devant chez lui ... en P'tit Mist ... avec le Toutoune , monos ensemble , croisières , avec Marco comme chef de bord de Mousquet , ... CAEV aussi avec lui , à Tréboul ... A Marco , à Toutoune , à Yvan , un peu que j' leur ai confié ma vie , plus d'une fois ! ... juste le coup par exemple que l ' Marco nous a fait faire des prises de ris changements de focs par force 9 autour des Tas de Pois ... de nuit ... fallait avoir la foi moi j'vous dis , la foi dans l' homme de barre , la foi dans tes équipiers , la foi dans l' Marco ... qu' y t' récupèrerait si tu tombais à la baille ... objectivement , de nuit , avec la manoeuvre limitée , une visi de 30 mètres au plus sous les grains , avec des creux de 3 à 5 mètres , il aurait eu du mal à récupèrer quoique ce soit , tout Marco qu'il était ... Seulement ce gars là c'est lui qui prenait la proue des Vauriens , douze ou quinze mômes autour des listons , pour faire " l' embarquement " ...
L' " embarquement " , encore un truc inévitable à vous raconter ... si vous avez la patience ...
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